Alors que nous avons fêté les 40 ans de la Loi Veil début 2015, force est de constater qu’il reste encore beaucoup à faire dans ces domaines, tant au niveau de l’application des lois que dans la reconnaissance des droits de chacun.e. La priorité doit être mise autour de trois axes stratégiques : réaffirmer « Mon corps m’appartient ! », promouvoir une approche globale « santé sexuelle », et lancer de nouveaux débats. C’est ainsi que Le Planning Familial gardera son rôle d’agitateur social et de lanceur d’alerte.
Réaffirmer : «Mon corps m’appartient»
En tant qu’association féministe et historique, Le Planning doit jouer son rôle de veille et de revendications sur l’application des lois et les batailles qui restent à gagner. Nous avons obtenu des évolutions en termes de lois, notamment suppression de la notion de détresse puis du délai de réflexion et remboursement à 100% de l’IVG, et des avancées aussi sur l’accès à la contraception des mineures, mesures peu connues et peu appliquées. Ces mesures ont été construites sans articulation avec les EICCF et les CPEF et n’apportent pas de réponses aux moins de 15 ans éloignées des centres de planification et aux jeunes de plus de 18 ans qui veulent préserver anonymat et confidentialité. Le Planning sur la base de son expérience de travail en réseau doit continuer à agir pour que ces mesures soient concrétisées sur le terrain.
Avortement / contraception : la base de nos mobilisations pour l’autonomie des femmes
Garantir les droits en matière de sexualité comme droits fondamentaux et complémentaires entre eux, sans les opposer : droit à la contraception, droit à l’avortement, droit à l’éducation et à l’information, droit à la prévention du VIH et des IST et accès aux soins, en impliquant autant les filles que les garçons, est nécessaire pour garantir l’égalité entre les femmes et les hommes, et lutter contre toutes les formes de discriminations liées au sexe ou au genre. Nous devons défendre ces droits pour toutes les personnes et rendre possible l’accès à des structures de qualité dans la proximité pour toutes et tous (femmes migrantes, personnes en situation de handicap…), en milieu rural ou dans les quartiers. Certes les lois avancent, mais nous devons poursuivre notre action pour faire reconnaître la sexualité des jeunes, de tous les jeunes, et faire barrage aux discours moralisateurs. Et notamment poursuivre les luttes engagées pour :
- Destigmatiser l’avortement : chaque femme a droit à une information claire, juste et accessible, sans culpabilisation, ni justification, et avec des professionnel.le.s formé.e.s pour cela.
- Permettre l’accès à la contraception de son choix sur tous les territoires et à l’IVG de façon gratuite et confidentielle pour toutes les personnes mineures (même avant 15 ans) et pour toute personne majeure à chaque fois que l’accès aux soins est limité par des problèmes de ressources et de confidentialité, notamment pour les personnes migrantes.
- Promouvoir le choix : choix de la méthode d’avortement, choix de la méthode de contraception, choix du lieu médicalisé ou non, dans la proximité, pour toutes et tous.
- Obtenir un accès en vente libre de la contraception d’urgence (en distributeur comme les préservatifs).
Casser les tabous des contraceptions définitives et masculines
Informer sur toutes les méthodes de contraception nécessite de lutter contre les idées reçues et d’impliquer d’avantage les hommes dans la contraception dès leur plus jeune âge pour un meilleur partage des responsabilités. Le Planning doit poursuivre et renforcer ses actions de démocratisation et de destigmatisation de la contraception à visée définitive (féminine et masculine) qui reste un tabou en France - où l’absence de désir d’enfant voire le refus est un choix qui n’est pas toujours accepté ni même audible - et de la contraception masculine.
Créer les conditions d’une réappropriation de la sexualité
C’est à chacun.e de s’approprier son corps et sa sexualité, tout en ayant - si besoin - accès à un accompagnement médical de qualité, bienveillant et non-jugeant. Le Planning doit encourager les pratiques égalitaires et féministes (en interne comme en externe), renforcer la formation des professionnels.lles de santé et dénoncer les abus et les violences dans le cadre de toutes les consultations et de tous les actes, qu’ils concernent la contraception, l’IVG, la grossesse ou l’accouchement. Le Planning Familial affirme que le droit à disposer de son corps doit être effectif à tout moment y compris lors de la poursuite d’une grossesse et de l’accouchement. Le Planning s’engage à mener une réflexion et à agir dans le champ des pratiques médicales gynécologiques et obstétricales tout au long de la vie. Le Planning s’engage à communiquer sur les droits des personnes et le devoir des praticiens.ennes à respecter leurs choix concernant les actes gynécologiques, la grossesse et l’accouchement.
L’accès à la PMA
Le Planning, au travers de la lecture intersectionnelle (discriminations croisées) et au nom de l’égalité de toutes et tous, se positionne en faveur de l’accès à la PMA pour toutes les femmes hétérosexuelles, lesbiennes, en couple ou célibataires, quelles que soient leurs situations économiques et sociales, avec remboursement par la Sécurité Sociale. Pour autant le Planning continue sa lutte contre toutes les injonctions à la maternité.
Inclure les personnes transidentitaires et intersexes et s’engager pour leurs droits
Les droits des personnes transidentitaires et intersexes sont au croisement des combats du Planning : lutte contre les discriminations, contre les stéréotypes et les violences liées au genre, libre disposition de son corps et démédicalisation de l’identité de genre. Le Planning s’engage dans la défense de leurs droits. Cela passe en interne par la diffusion de pratiques bienveillantes et inclusives à l’égard des personnes trans. Concernant l’intersexuation, le Planning revendique l’arrêt des mutilations sexuelles systématiques. Il revendique la facilitation du changement d’état civil sans obligation d’intervention chirurgicale. Il s’engage aussi pour la mise en place de conditions qui permettent une plus grande autonomie dans le choix du parcours de transition. Il est important de faire reconnaitre la transidentité à part entière et permettre une prise en charge médicale et chirurgicale en France, sans obligation de stérilisation, remboursée par la Sécurité sociale. Le Planning demande l’abolition de la mention de sexe à l’état-civil pour toutes et tous. Il demande également la possibilité pour chacun.e de s’autodéterminer sur son genre.