« Quand on fait l’histoire de la contraception, on fait l’histoire de son interdiction » a expliqué Myriam Chopin, co-autrice de l’ouvrage avec Olivier Faron.
A l’origine de leur projet, un questionnement devant l’actuel désamour de la pilule, et le constat que le combat pour la légalisation de la contraception a été effacé dans les mémoires par celui pour l’avortement. Les auteur.es ont souhaité inscrire l’histoire de la pilule dans un temps long. Ainsi l’ouvrage balaie l’histoire occidentale en commençant par les recettes connues dans l’Antiquité, retrace les évolutions du discours de l’Eglise catholique vers toujours plus d’interdictions, pour arriver à l’époque moderne marquée par la diffusion massive du coït interrompu à la fin du XVIIIème siècle, mais aussi par les discours misogynes des médecins et philosophes des Lumières. Pour le XXème siècle sont retracées les avancées de la contraception : combats des « néo-malthusien.es » et des féministes (enfin, une minorité) qui luttaient pour l’information et la diffusion des méthodes contraceptives (et ont fait de la prison pour cela), naissance du birth control dans les pays anglo-saxons.
En France, cette période est aussi celle d’une répression accrue contre toute « propagande anticonceptionnelle » avec le vote en 1920 des « lois scélérates » votée dans le contexte hyper nationaliste/nataliste de l’après-guerre. L’ouvrage décrit ensuite les combats pour la légalisation de la contraception : création du Planning Familial en 1956 (sous le nom de Maternité Heureuse), débats politiques à l’occasion des nombreux projets de loi déposés dans les années 60 jusqu’au vote de loi Neuwirth en 1967, poursuite des luttes avec le MLAC en 1973… Dès 1963, la pilule développée aux Etats-Unis était disponible en France pour motifs médicaux. Après la légalisation, les pratiques contraceptives en France ont rapidement évolué vers un modèle « pilulo-centré », jusqu’aux débats récents autour des risques médicaux liés à cette méthode. L’ouvrage apporte plusieurs éclairages sur ces évolutions : poids des laboratoires dans la formation des médecins, méfiance croissante envers les médicaments, changements dans la perception de la pilule devenue charge contraceptive plutôt que libération, travail de sape mené par les conservateurs, instrumentalisation des préoccupations environnementales…
Après la présentation de l’ouvrage, le débat a porté notamment sur les combats et enjeux actuels autour de la contraception, l’éducation à la sexualité, le rôle des opposants, la réappropriation des savoirs…
Côté Planning Familial, nous avons assuré l’animation, exposé une sélection d’affiches historiques autour du combat pour la contraception et proposé une table de presse.