Hier, lors des annonces de clôture du Grenelle des violences conjugales, le Premier Ministre s’est félicité du “silence brisé” par celui-ci. Pourtant, malgré une prise de conscience salutaire, le Gouvernement n’a pas su entendre complètement les associations, particulièrement sur leurs demandes budgétaires. Le Grenelle, que les associations appelaient de leurs voeux, a permis en effet de mettre les féminicides et le sujet de la lutte contre les violences conjugales à l’agenda pendant 3 mois. Des aberrations ont été corrigées, telles que l’obligation alimentaire pour les enfants d’un parent meurtrier, des dysfonctionnements seront améliorés grâce à l’instauration d’une grille d’évaluation du danger des femmes qui viennent porter plainte.
L’exercice d’analyse effectué par le Ministère de la Justice permettant d’identifier les dysfonctionnements dans la chaîne pénale ou encore la généralisation des bracelets électroniques anti-rapprochement sont également bienvenus. Certaines des annonces de ce matin viendront permettre la mise en conformité de la France avec la Convention d’Istanbul - et répondre aux lacunes pointées par le rapport du Conseil de l’Europe paru la semaine dernière - comme la disponibilité 24h/24 du numéro d’écoute 3919 ou l’interdiction de la médiation pénale en matière de violences conjugales.
Le combat contre les violences faites aux femmes est long. Chaque pas compte et les annonces du Premier Ministre sont une nouvelle avancée vers une meilleure prise en charge des femmes victimes de violences. Mais pour créer “l’électrochoc dont notre société a besoin” invoqué à raison par Monsieur le Premier Ministre - les mesures annoncées ne sont pas suffisantes.
Les associations de terrain sont débordées de demandes, en moyenne 40% de nouvelles femmes contactent les structures d’accueil (LEAO, CIDFF, centres d’hébergements) depuis le début de l’année. La communication actuelle est salutaire, mais elle accentue les espoirs et la demande de prise en charge des femmes. Les associations sont saturées, la Fondation des femmes le confirme. Il manque par exemple au minimum 2000 places d’hébergement spécialisées, un manque que le Grenelle ne comble pas. Comme l’a souligné le premier ministre, l’éducation est indispensable pour prévenir les violences à travers la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes . C’est l’affaire de tous les acteurs et actrices qui travaillent dans ce champ, mais il faut des moyens à la hauteur de ces enjeux. Depuis le 25 novembre 2017, le Gouvernement aura plusieurs fois effectué des annonces pour améliorer la lutte contre les violences et favoriser l’égalité. Depuis 2017, le Gouvernement continue d’en appeler à la responsabilité collective.
Pourtant, la situation ne s’améliore pas. La société est sensibilisée, la forte mobilisation de samedi 23 novembre dernier en est l’exemple. Il est temps pour le Gouvernement de changer de cap car il est illusoire de penser que l’on baissera durablement les violences contre les femmes en France sans moyens supplémentaires.
Fédération nationale des centres d’information des droits des femmes et des familles
Femmes solidaires
Fondation des Femmes
La Maison des Femmes de Saint-Denis
Le Mouvement du Nid
Planning Familial
Une femme un toit - FIT