Sur ces Journées du Matrimoine, le Planning Familial 81 a pris la parole :
En 2022, nous célébrons la 38e édition des Journées du Patrimoine que nous devons au ministre de la Culture de l’époque, Jack Lang. On se rappelle de lui, son soutien à DSK alors qu'il était accusé de violences sexuelles.
En 2022, nous célébrons pour la 7e fois seulement en France, les Journées du Matrimoine et pour la première fois dans le Tarn.
Non, le masculin n’est ni neutre ni universel. Le masculin est un prise de pouvoir sur nos histoires et nos héritages. Il a fallu réhabilité le terme de matrimoine pour revaloriser ou rendre visible l’héritage des femmes du passé.
Les Journées du Matrimoine rabastinoises ou devrait-on peut-être dire des Matrimoines tentent de mettre en dialogue ce que nous ont laissé des générations de femmes et personnes invibilisées et ce que nous en faisons. Si les Journées du Matrimoine font souvent le focus sur l’héritage culturel des femmes, à Rabastens, nous avons choisi de faire l’honneur à des vigneronnes, des artistes, des écrivaines et des militantes. Espérons que les prochaines années, la liste s’allonge !
Ici, vous êtes devant les locaux provisoires du Planning Familial du Tarn. Nous avons eu envie de vous parler de l’héritage que l’on porte au sein du Mouvement Français pour le Planning Familial.
Comme d’autres personnes, ont déjà écrit sur la transmission des valeurs et des luttes au sein de ce mouvement, je vais citer des extraits de : « la Lettre à Simone Iff » écrite par Anne-Cécile Mailfert, Présidente de la Fondation des Femmes en 2021.
« Chère Simone Iff,
Hier Olivier Véran a annoncé que la contraception serait gratuite pour les femmes de moins de 25 ans. Je suis sûre que tu aurais dit “parce qu’après 25 ans, on arrête la sexualité et puis, c’est pas d’allonger les délais de l’IVG dont on parlait ?". En France, presque une femme sur deux avortera dans sa vie : se rendent-elles compte à quel point tout cela n’a tenu et ne tient toujours qu'à un fil. Puisqu’on a tant de mal à honorer celles qui nous ont tant apporté, c’est ton hommage, devrais-je dire ton femmage, que je veux présenter.
Simone Iff, tu es l’autre Simone, sans qui Veil n’aurait pas fait sa loi, sans qui Beauvoir ne serait resté que des mots, la Simone dont on ne parle pourtant pas.
Avec d’autres, vous avez fondé le Mouvement Français pour le Planning Familial
Au début, bénévoles, vous répondiez aux questions des femmes : l'éducation sexualisée à tout âge tout le temps. Illégalement, vous distribuiez des pilules en cachette, avec le MLAC, vous aidiez aux avortements publiquement, sans fausse pitié, sans mauvais jugement.
Vous étiez 343 mais derrière vous, elles étaient des milliers à dire “Moi Aussi”, des colonnes du Nouvel Obs aux marches du tribunal de Bobigny.
Vous avez tant et si bien lutté qu’on aurait dit à ton homonyme “si vous ne faites pas cette loi, c’est jusque sous votre bureau qu’elles viendront avorter”. Et puis en 1975, nous toutes, on a gagné.
Des héroïnes comme toi, il y en a d’autres dans le monde
Le droit à l’avortement ne se donne pas : ce sont des femmes qui l’arrachent. En Argentine, au Mexique, en Nouvelle-Zélande, en Irlande, elles sont des millions à avoir finalement gagné ces dernières années.
On aimerait se dire, c’est bon c’est fait, on passe à la suite. Mais l’actualité, comme cette année aux Etats-Unis, nous rappelle que nos droits de tiennent qu’à un fil.
Ici comme ailleurs se ne sont pas les femmes qui sont fragiles, se sont leurs droits.
Chère Simone, si tout n’est pas encore gagné, grâce à toi et à bien d’autres, nous pouvons faire des choix »
C’est bien dans cette dernière phrase que réside l’héritage du Planning Familial : Nous voulons être libres de nos choix ! »
Sur le droit à l’avortement nous alertons : avoir le droit, c’est pas toujours avoir le choix. Par manque de moyen et de personnel médical formé, certaines personnes doivent faire des kilomètres, attendre plusieurs semaines et parfois partir à l’étranger pour avorter.
Enfin, ce que nous avons envie de relever dans cette lettre à Simone Iff, c’est qu’un des héritages au sein du Mouvement est de mettre des pieds dans le plat, de venir à la fête sans y être invité.e.s. Oui, les militantes avant nous et celles d’aujourd’hui continuent une de bousculer les lois et valeurs du patriarcat.
Nous avons été traité.es de criminelles, d’hystériques, de tricoteuses. Et aujourd’hui, on nous accuse de sombrer dans une logique anti-science ou encore d’être les grandes prêtresses des transitions de genre.
Non, nous n’avons pas oublié qu’il fallait un utérus pour vivre une grossesse.
Non, nous ne marchandons pas des transitions de genre à toustes les jeunes que nous rencontrons.
Par contre, au Planning Familial, on est sûr.es que ce n’est pas un utérus qui fait de nous des femmes.
Au Planning Familial, nous accueillons les personnes trans, pour leur santé sexuelle, comme toutes les autres personnes. Et comme pour les autres, nous nous efforçons de respecter leurs choix et de les accompagner au mieux.
Le Planning Familial 81 exprime son soutien aux planning familiaux d’autres départements qui font front à des attaques de militants d’extrême-droite et transphobes.
Merci pour votre écoute, et d’être nombreuses.x pour cette balade dans les héritages, oubliés, ou volontairement dissimulés.