Voici le texte de la prise de parole du Collectif droits des femmes 69 - 8 mars 2024
Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes et des Minorités de Genre
Le 8 mars : toutes et tous en grève féministe pour défendre les droits des Femmes et des minorités de genre !
Ce 8 mars s'inscrit dans un contexte particulier : l'inscription de l'IVG dans la Constitution pour garantir et renforcer ce droit. C'est une grande victoire. A côté des victoires il y a hélas des signaux très négatifs qui émanent du gouvernement avec un Président de la République qui a transformé la grande cause de son quinquennat en un grand blabla : soutien à des personnalités accusées de violences sexistes et sexuelles, appel à un réarmement démographique du pays.
Nous refusons les injonctions. Nous refusons que notre parole soit remise en cause.
Alors que plus de 31 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon depuis le début de l'année.
Alors que le sexisme augmente chez les moins de 35 ans comme l'a montré récemment le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes.
Alors que les violences transphobes persistent, que l'accès aux services administratifs, juridiques, médicaux, à l'emploi sont sources de violences pour les personnes trans.
Alors que le droit à l'IVG n'est pas pleinement assuré en France, que les obstacles perdurent et que les moyens ne sont pas mis en place. Nous refusons les mensonges de l'extrême-droite relayés via ses médias comme CNews.
Alors que le gouvernement s'attaque encore aux plus précaires et aux plus pauvres, qui sont le plus souvent des femmes.
Alors que le gouvernement avec la loi Immigration banalise la haine et le racisme, que les femmes et les minorités de genres seront toujours perdantes. Nous refusons toujours cette loi qui essaie de faire croire que les violences sexistes et sexuelles seraient l'apanage des étrangers. Pourtant Depardieu, Darmanin, PPDA, et tant d'autres sont bien des hommes nés en France... Le rapport sur l'inceste en France parlait bien de familles francaises. Le patriarcat en France comme ailleurs est un système qui permet aux hommes de dominer et d'écraser.
Heureusement, et c'est notre boussole dans l'obscurité : les femmes et les minorités de genre continuent à lutter pour dénoncer les violences et les rapports de domination, avec un objectif : mettre à bas le patriarcat !
Ainsi, plus d'une centaine de femmes se sont réunies sur les marches du Tribunal de justice de Lyon pour rendre femmage aux 134 femmes en 2023, tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints et nous étions des milliers le 25 novembre à crier notre colère.
Aujourd'hui nous leur rendons femmage et pensons à leurs proches et leurs famille !
Le 8 mars, nous dénonçons les violences économiques du système patriarcal qui rend les femmes et les minorités de genre toujours plus pauvres et plus précaires, plus dépendantes d'un père, d'un mari, d'un patron harceleur, agresseur, tueur. Nous dénonçons un système patriarcal qui nous assigne toujours aux mêmes tâches, considérées comme dévalorisantes, qui limitent nos ambitions, qui nous dit que nous ne sommes pas légitimes.
Mais nous sommes là. Nous sommes légitimes.
Notre parole est légitime !
Nos vécus, nos vies, nos choix intimes relationnels sexuels familiaux sont légitimes
Notre travail est légitime.
Notre présence est légitime.
C'est pourquoi aujourd'hui nous marchons ensemble pour :
• Exiger des moyens pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles
• Exiger l’égalité salariale et professionnelle et obtenir le rattrapage des pensions des femmes retraitées ainsi que la revalorisation des métiers féminisés, la fin de la précarité et des temps partiels imposés et l’application de la loi qui - depuis 50 ans ! - prévoit un salaire égal pour un travail de valeur égale
• Exiger un investissement financier et un recrutement massif dans les services publics pour une réelle prise en charge collective des tâches domestiques, du soin, du lien et de l’éducation
• Développer une éducation féministe et égalitaire, qui lutte enfin contre tous les stéréotypes et toutes les violences et qui donne à tou.te.s la possibilité de choisir librement ses études, sa formation, son métier
• Exiger une inscription dans la constitution du droit réel à l'IVG, l’allongement des délais et l’accès effectif sur l’ensemble du territoire à l'avortement et à la contraception
• Exiger l'accès à la PMA pour tous.tes
• Exiger une réelle prise en charge des traumatismes psychologiques pour les personnes victimes de violences sexistes et sexuelles
• Exiger l'abrogation de la loi immigration, une loi raciste et xénophobe qui pénalise particulièrement les femmes et les minorités de genre
• Affirmer notre solidarité avec les femmes et minorités de genre du monde entier qui subissent les oppressions du patriarcat
• Exiger une diplomatie et une politique étrangère féministe, c'est-à-dire qui s'attache à empêcher la guerre, la répression, la négation des droits des femmes et des minorités de genre partout dans le monde.
Le 8 mars, on s’arrête tout.e.s. On se met en grève.
Par la grève, nous montrons que ce monde ne fonctionne pas sans nous !
Notre détermination ne faiblira jamais !