Le film « l’événement » réalisé par Audrey Diwan, est adapté du roman d’Annie Ernaux du même nom. En 1963, une étudiante découvre qu’elle est enceinte, alors que l’avortement est illégal en France. On suit pas à pas sa recherche éperdue d’une solution, ses tentatives d’auto-avortement, son avortement clandestin. Les différentes conséquences de l’illégalité sont évoquées au fil de son parcours : le refus des médecins de lui apporter une aide, par peur pour l’un, par réprobation morale pour l’autre, les copines qui se détournent pour ne pas être accusées de complicité, la difficulté à trouver des informations et de l’argent pour un avortement clandestin quand on n’appartient pas à un milieu aisé, la peur, la souffrance, et la solitude face à cette situation. Le film est éprouvant, il nous met en tension devant les difficultés éprouvées, mais nous montre aussi l’immense détermination d’une femme à ne pas se laisser briser sa vie par une grossesse non désirée. Il nous plonge aussi dans une époque où celles qui se marient quittent brusquement leurs études, où le désir est réprimé par peur d’une grossesse mais aussi des jugements moraux, où le tabou sur la sexualité laisse les jeunes dans l’ignorance.
Après la projection, le public, peu nombreux mais motivé, s’est lancé dans un échange qui mêlait témoignages personnels et questionnements politiques. La dimension intergénérationnelle a créé des effets intéressants : plusieurs femmes ont évoqué leur jeunesse dans cette période où l’avortement était interdit, des jeunes hommes et femmes ont fait le parallèle entre la situation actuelle et l’époque du film. Les jugements sur la sexualité des femmes, le tabou sur l’IVG restent toujours présents même s’ils ont pris de nouvelles formes. Le Planning a été questionné sur son travail d’accompagnement dans les situations d’IVG, sur la place des hommes dans ces démarches, sur l’éducation à la sexualité aujourd’hui. Nous avons pu parler également des enjeux politiques autour des questions de sexualité et d’IVG.
Merci au cinéma de Rillieux-la-Pape pour l'accueil, à Amnesty International Lyon pour la sollicitation, et à toutes les personnes présentes lors de cette soirée.
VRA