"Merci de permettre au Planning familial, association féministe d’éducation populaire, de pouvoir porter une voix féministe contre la réforme des retraites du gouvernement Borne.
Avant toute chose on ne peut pas s’empêcher de déplorer la composition de la tribune de ce soir : 1 femme pour 4 hommes. Cela prouve qu’il y a encore du travail à faire dans toutes les organisations pour que les nombreux obstacles à l’implication des femmes soient levés mais aussi pour qu’elles se sentent légitimes en situation de représentation.
On ne pouvait pas non plus intervenir à ce meeting à l’initiative de la NUPES, sans saluer les prises de position des intervenants de ce soir au sujet d’Adrien Quattenens, député de la France Insoumise condamné par la justice pour violences conjugales. Pour nous qui militons contre les violences faites aux femmes, la place des auteurs de violences ne peut pas se trouver sur les bancs de la représentation nationale, qu’elle se veuille progressiste ou non. Nous sommes d’ailleurs en accord avec le contenu de la courageuse tribune publiée dans le journal Le Monde le 26 décembre demandant l’exclusion d’Adrien Quattenens et signée par de nombreux militants de la NUPES et de LFI : Porter un programme féministe, ça n’est pas qu’un étendard, c’est aussi des actes.
Ces réflexions étant faites, pour le Planning familial, la réforme des retraites c’est non et à plus d’un titre.
La retraite fonctionne comme un miroir grossissant des inégalités déjà existantes dans le monde du travail.
Pour rappel, les réformes passées ont eu pour conséquence une baisse générale du niveau des pensions par rapport aux salaires. On a vu la pauvreté des personnes retraités augmenter, et une fois de plus, les femmes sont plus impactées et l’écart est toujours en train de se creuser.
Aujourd’hui il existe de grosses inégalités de pensions entre les hommes et les femmes : nos retraites sont inférieures de 40 %.
Ces inégalités, sont le résultat des inégalités qui persistent dans le monde du travail, renforcées par la division sexuée du travail, au sein même des foyers.
En France, les femmes gagnent toujours en moyenne 22 % de moins que les hommes.
Parce que les femmes sont majoritaires dans les emplois à temps partiel, dans les métiers à bas salaires et dont la pénibilité n’est pas reconnue (ces métiers, du soin, de l’entretien… s’appuient sur des compétences qui ne sont pas reconnues socialement et sont attribuées aux femmes comme leur étant naturelles, donc non acquises).
Parce que nos carrières sont hachées, du fait des périodes de congés dédiés à la prise en charge des enfants et des aîné·es. C’est d’ailleurs pour cette raison que la retraite avec un minimum de 85 % du SMIC pour les carrières complètes ne s’appliquera pas pour nous.
Cette réforme va clairement empirer la condition des femmes retraitées. Alors que nous sommes déjà nombreuses à partir en retraite avec une carrière incomplète, augmenter l’âge légal de départ à la retraite mais aussi la durée de cotisation dégradera encore notre situation. Nous refusons de travailler plus pour gagner moins ! Des solutions existent en terme de mécanisme de compensation mais aussi d’égalité salariale, mais ce n’est pas l’objectif de cette réforme.
Au cœur de la lutte contre cette réforme, le 8 mars est l’occasion de mettre sur le devant de la scène la situation et les revendications des femmes et d’amplifier la mobilisation. Le 8 mars 2020 a été la dernière manifestation avant l’enterrement de la réforme des retraites à points ! Faisons du 8 mars 2023 celui du retrait de cette nouvelle réforme de régression sociale majeure !"