“Ah c’est les dames de l’éducation sexuelle !”
A peine, Camille et Marie-Pierre font quelques pas dans le collège François Mauriac à Sainte-Eulalie, que les élèves les reconnaissent. C’est la deuxième fois cette semaine que le Planning Familial de Gironde vient rencontrer les jeunes de 3ème pour parler “Sexualités”, après être intervenu au cours des semaines précédentes auprès des 4ème.
Aujourd’hui, les deux animatrices de prévention ont chacune deux groupes mixtes, l’un le matin, l’autre l’après-midi. Chaque séance commence généralement de la même manière. Les élèves sont invités à installer au sol 26 petits cartons qui représentent chacun une lettre de l’alphabet. Les jeunes sont priés de se placer sur le carton de la première lettre de leur prénom, puis à se positionner sur une lettre qui fait référence à un artiste, un groupe qu’ils aiment, ou à un pays qu’ils voudraient visiter ou encore à un sport qu’ils pratiquent. De cette manière, chaque adolescent prend la parole en expliquant son choix et la glace est brisée.
“On ne parle que de soi et pas des autres. Tout ce qui est dit ici, reste ici”, annonce Camille avant de demander aux élèves s’ils savent ce qui va se passer pendant les deux heures suivantes. Les plus aguerris se jettent à l’eau et annoncent qu’ils vont parler de “sexe”. Pour inviter les plus silencieux à s’exprimer, Camille propose de faire un brainstorming. Au tableau, elle inscrit “Sexualités” et propose aux adolescents de dire tout ce que ce mot leur évoque.
Ce matin, les idées fusent. Elles tournent très souvent autour des pratiques sexuelles et font référence au monde de la pornographie, mais elles évoquent aussi des notions de sentiments, de maladies ou de contraception.
“C’est quoi Kamasutra ?” demande une jeune fille. “C’est un livre de positions sexuelles” lui répond son acolyte de classe.
“C’est quoi la différence entre le liquide séminal et la cyprine ?” interroge Camille. L’un des garçons se lance… mais attribue la cyprine aux garçons et le liquide séminal aux filles. Raté. Mais l’occasion est parfaite pour faire un point sur les organes génitaux. Si le mot “pénis” est rapidement prononcé, la “vulve” a, elle, besoin d’un jeu du pendu pour se faire deviner. Et c’est encore plus flou quand il s’agit de la dessiner au tableau.
Après deux tentatives plutôt éclairées (avec des petites et grandes lèvres et des trous dont on ne sait pas trop à quoi ils renvoient), Camille décide de prendre les choses en main et de nommer un grand absent… le clitoris !
Une fois les bases posées, et pour faire bouger un peu l’assemblée, Camille propose de lancer le Jeu de la ligne. A chaque affirmation lancée, les jeunes doivent se positionner à droite ou à gauche d’une ligne imaginaire pour manifester leur accord ou leur désaccord. Si certains thèmes font l’unanimité, comme la jalousie dans un couple, d’autres suscitent plus de questionnements, et notamment la question de savoir si l’homosexualité est un choix. Tout le groupe pense que oui, à l’exception d’une jeune fille, qui ne se démonte pas face aux arguments de ses compères.
Il est temps de revenir au centre de la salle pour terminer la séance en découvrant ce que contient la “Trousse à contraception”. Chaque adolescent est invité à se saisir d’un objet et à expliquer à quoi il sert : stérilet au cuivre, anneau vaginal, préservatif interne… Les jeunes semblent déjà assez au fait de ce qui existe comme contraceptifs et commencent à s’agiter. Il est temps de conclure l’animation.
Dans sa salle, Marie-Pierre a proposé aux jeunes de commenter par petits groupes quatre pictogrammes de la campagne de prévention des violences sexistes et sexuelles dans les relations amoureuses des adolescents. Ils devaient ensuite échanger tous ensemble sur ces thématiques. Mais, malgré ses efforts, elle a eu toutes les difficultés du monde à sortir les élèves de leur mutisme… Une certaine gêne était palpable. Elle était à son summum quand Marie-Pierre a présenté une modélisation 3D du clitoris aux jeunes, en leur expliquant qu'il s'agissait de l'organe du plaisir féminin. Plusieurs jeunes sont devenus écarlates comme si elle avait dit une obscénité !
Preuve que selon le groupe en présence, les animations n’ont rien à voir les unes des autres.