"La charge sexuelle, c'est la part de charge mentale liée à la santé reproductive et sexuelle des femmes", nous répond la dessinatrice Emma. Ce sont "l'ensemble des préoccupations que peut représenter la vie affective et sexuelle, de l'érotisme au désir en passant par la contraception et la santé", ajoute le psychologue clinicien et sexologue Sébastien Garero.
La santé sexuelle, qui comprend la charge médicale et la charge contraceptive, entre bien entendu dans ce concept de charge sexuelle, la femme s'occupant le plus souvent des problématiques médicales (comme ce sont elles qui emmènent davantage les enfants chez le pédiatre et vérifient que leurs vaccins sont à jour). "Il s'agit de gérer les risques et les avantages liés à la sexualité, et cela repose en priorité sur les épaules des femmes. Elles gèrent la contraception pour le couple. Souvent, les conjoints ignorent même qu'elles ont eu un rendez-vous gynéco dans la journée, alors qu'elles en ont parlé avant", soulève Emma.
"Dans toutes mes relations, la question de la participation financière de mon copain à ma contraception n'a jamais été soulevée. Il n'y a que le préservatif qui pouvait être apporté par lui, et je me dis que c'est parce qu'il doit le porter qu'il se sent impliqué. Par ailleurs, aucun de mes partenaire ne m'a jamais accompagnée acheter ma pilule, ou à n'importe quel rendez-vous médical qui pouvait concerné notre sexualité", rapporte Gaëlle, 26 ans.
"La réticence de certains partenaires à porter un préservatif alourdit cette charge car les risques d'infection et de mycose sont augmentées pour les femmes. Ce sont aussi elles qui ont à gérer l'évacuation du sperme, tandis que le partenaire peut s'endormir. Avec le préservatif, c'est lui qui gère", ajoute Emma.
L'exemple de la pilule est encore plus caractéristique de la charge contraceptive. Moyen contraceptif le plus utilisé en France, elle n'est pas intégralement remboursée et il est très rare que les frais soient partagés dans le couple. C'est à la femme de ne pas oublier de la prendre pour éviter de tomber enceinte, mais aussi de supporter les contraintes que celle-ci peut entraîner du point de vue hormonal. Pour Sébastien Garnero, "une grande partie de la contraception reste en effet 'l'affaire des femmes' dans la majorité des couples, les hommes ne se sentant essentiellement concernés que par l’usage des préservatifs dans ce domaine".
Concernant les IST par ailleurs, rares sont les hommes qui prennent soin ne serait-ce que de demander si leur partenaire a déjà été touchée par l'une d'elles ou d'encourager leur compagne à aller faire des tests, pointe le témoignage de Jeanne, 29 ans : "Pour les dépistages, c'est clairement moi qui en parle et en fait le proposition. J'entends beaucoup plus les femmes s'en inquiéter et y penser que les hommes".
Au final, conclut Sébastien Garnero, les hommes vont s'intéresser à l'aspect médical de la charge sexuelle "quand ils seront directement concernés". C'est-à-dire lorsque que le couple fait face à des difficultés sexuelles.