Le 17 janvier 1975, l’Assemblée nationale votait la légalisation du droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), loi défendue par la ministre de la Santé Simone Veil et les associations féministes. Depuis, ce droit fondamental et humain continue à évoluer par des mobilisations, des débats et l’écoute de la parole des personnes concernées : remboursement par la sécurité sociale, allongement des délais jusqu’à 12 semaines de grossesse, suppression du délai de réflexion et droits des mineures. Mais cinquante ans après la publication du «Manifeste des 343», l’accès à l’avortement reste stigmatisé, limité, et inégal.
Après la fin du délai légal de 12 semaines de grossesse qui permet d’avorter en France, les femmes qui en ont les moyens peuvent partir pour l’Angleterre, les Pays-Bas ou l’Espagne pour avorter jusqu’à 22 semaines. Et les autres ? Elles vivent la violence de devoir continuer une grossesse non-désirée. Ou de devoir soumettre leur demande d’IVG à des comités d’experts médicaux qui décideront du bien-fondé de leur choix.
Au Planning familial, association féministe et d’éducation populaire, nous recevons tous les jours des femmes souhaitant avorter au-delà des délais français. Avec elles, nous posons les questions suivantes : quel est ce droit qui limite l’autonomie d’une femme ? Pourquoi ces délais qui restreignent la liberté de disposer de nos corps ? De quel droit des expert·e·s choisissent à notre place notre présent et notre futur ? Ne suis-je pas experte de ma propre vie ?
Avec l’examen de la loi IVG ce mercredi au Sénat, les parlementaires ont l’opportunité d’allonger les délais du droit à l’avortement. Pour que son accès ne soit plus déterminé par la situation socio-économique ou le choix des médecins. 2021 sera l’année du choix.